Coup de tonner dans le monde politique ce weekend, 2 sondages (voir le premier sondage, et le second) donnent coup sur coup Marine Le Pen en tête du premier tour de l’élection présidentielle si elle avait lieu maintenant ! Certes, il faudra nuancer la portée de ce sondage, les élections étant dans 14 mois, et on ne connait pas la liste définitive des candidats ni même les programmes. Pour autant, il faut bien voir ici une poussée de l’extrême droite, pas besoin de sondage, une présence sur le terrain, une écoute auprès des Français suffit.
Alors il y a plusieurs façons de réagir, celle de la gauche, qui diabolise le FN et condamne ses électeurs. On connait le résultat : le 21 avril 2002 et Mr Le Pen au second tour. Je n’aurais pas cette approche, certes, on peut regretter une montée des extrêmes, mais en agissant de la sorte depuis 30 ans le FN n’a pas diminué, bien au contraire. Je pense que plutôt que de pleurer devant les conséquences, il serait plus intelligent de se pencher sur les causes.
Je ne pense pas que les intentions de vote pour Marine Le Pen soient uniquement guidées par le racisme ou l’Islamophobie. Oui, ce sont des raisons, mais elles ne sont pas les seules. À mon sens, je crois que c’est plus le signe d’une exaspération générale de la part des Français envers nos politiques. En effet, comment ne pas être tenté par un vote sanction lorsque l’on voit les affaires Woerth ou bien pire encore, le scandale Guerini ? Comment ne pas être tenté par un vote sanction en l’absence d’opposition crédible ? Comment ne pas être tenté par un vote sanction lorsque l’on voit le bal des prétendants pour 2012 ?
En outre, en période de crise (postcrise dans notre cas), l’histoire nous a montré qu’il était fréquent que les extrêmes de gauche comme de droite, grâce à des discours simplistes, captent un électorat laissé à l’abandon des partis dit « traditionnels ». On notera ici que cette hausse se fait plus en faveur de l’extrême droite. Sans doute Mr Melenchon, après avoir été près de 30 ans sénateur PS et ministre, et en dépit de ses vrais faux coups de gueule, a du mal à passer pour autre chose « qu’un candidat du système ». Ce constat conforte mon argument de défiance vis-à-vis du système politique, la crise économique ayant laissé place à une vraie crise de confiance. À mon sens ce qui fera baisser le FN c’est tout d’abord que les partis politiques soient irréprochables, il faut être intraitable envers les moutons noirs qui discréditent la parole politique et le travail d’une majorité d’élus qui n’ont rien à voir avec ces moutons noirs.
Rétablir la confiance, mais pas que, il faudra également ne taire aucun sujet. Les électeurs ne doivent pas se sentir à l’abandon face à certaines situations. Il est possible, et l’on doit pouvoir parler d’immigration, de sécurité, d’incivilité dans tous les partis politiques sans tomber dans le racisme, afin que d’autres analyses, d’autres voies que celle du FN soient présentes sur ces sujets (voir notes Vienne inaugure le premier débat en Isère sur l’identité nationale et osons débattre sur l’identité nationale). Les extrêmes ont un discourt, simpliste, à nous de montrer que d’autres solutions sont possibles. Ne faisons pas la technique de l’autruche ou pire dans le déni comme le fais la gauche sur ces sujets. Si l’on ne veut pas que ces sondages se réalisent, c’est à nous d’agir… Vite, il ne reste que 14 mois !
A lire également:
8 réponses à Que faire face à la montée du FN ?