L’image a certainement du vous heurter, celle de ces bateaux immobilisés au large de Marseille en raison du blocage du port par la CGT, et l’exaspération des acteurs de l’économie locale réduite à néant par ce conflit d’un autre temps.
En me renseignant sur le sujet, plusieurs articles ont retenu mon attention :
Ce qui en ressort, ce sont des mots comme « Péril », « Débâcle », « destruction », « Archaïsme ». Des mots assez forts, mais qui reflètent une réalité : Là où les ports du monde entier connaissent une croissance à 2 chiffres, les ports Français sont à la traine :
En trente ans, Marseille a déjà rétrogradé du deuxième rang des ports européens au quatrième. Pis, pour les conteneurs, le segment de marché qui a explosé, il est désormais douzième
(le figaro)
Alors que la France possède la plus grande façade maritime d’Europe et que son positionnement géographique central devrait lui permettre d’être la première plate-forme maritime de l’Ancien Continent, ses ports ne reçoivent que 30 % des conteneurs qui lui sont destinés. Les 70 % restant arrivent de l’étranger. « On devrait faire 100 % des importations conteneurisées françaises, 10 % de celles des pays limitrophes comme la Belgique, l’Allemagne, l’Espagne, l’Italie, assure le PDG de Marfret. Et c’est le contraire qui se passe, ce sont les pays périphériques qui tirent leur épingle du jeu.
(France soir)
Le trafic maritime en Europe, toutes marchandises confondues, est ainsi passé d’un total de 1 341 millions de tonnes en 1989 à un total de 2 134 millions de tonnes en 2006, soit une croissance de 59,1 %, rarement observée dans d’autres secteurs de l’économie.
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La France possède certains atouts qui auraient dû lui permettre d’avoir une place privilégiée dans la concurrence mondiale et de bénéficier de l’essor du trafic maritime induit par la mondialisation. Ses atouts sont de nature géographique. La France possède trois façades maritimes, qui constituent l’ensemble le plus long d’Europe et qui sont particulièrement bien exposées
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Or, force est de constater que les ports autonomes français n’ont pas réussi à mettre en avant ces atouts pour tirer parti de l’essor du trafic maritime, notamment dans le secteur des conteneurs. Le trafic des ports autonomes métropolitains français a augmenté 2,5 fois moins vite que les ports européens entre 1989 et 2006 (+24 % contre +60 %)
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Rapport de l’assemblée nationale
Les explications à cela :
Il s’agit d’abord de la mauvaise insertion des ports français dans les réseaux de desserte continentale, et par là même de la faiblesse des liaisons des ports français avec leur « hinterland », c’est-à-dire leur arrière-pays
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Les ports français sont aussi pénalisés dans la concurrence internationale, car ils sont considérés comme insuffisamment fiables, en raison de mouvements sociaux à répétition et d’engins de levage parfois vétustes, donc susceptibles de tomber en panne et d’entraîner un coût d’immobilisation supplémentaire.Rapport de l’assemblée nationale
Pourquoi ces ports plutôt que les nôtres ? « Ils ont viré plus vite que nous dans la logique marchande. Ils ont su abandonner certains avantages acquis. Les syndicats n’y font pas la pluie et le beau temps. Ce ne sont pas eux qui décident de qui on embauche, de l’organisation du travail, du montant et de la distribution des primes », juge l’armateur.
Une vision que partage désormais, à quelques nuances près, l’ensemble de la classe politique marseillaise
(France soir)
Car oui, des grèves, il y en a dans les ports français, pour un oui, pour un non. Les syndicats y font preuve d’un archaïsme hors du commun, refusant même une réforme qui pourrait être leur salut, les différents articles cités devraient vous en convaincre, inutile donc de citer plus. Ce qui m’interpelle dans cette histoire, enfin qui me révulse, c’est que cet exemple dans les ports est l’exemple même du syndicalisme français. Là où l’on attendrait d’eux qu’ils protègent les salariés, c’est tout le contraire qui se produit, car n’ayons pas peur des mots : Le syndicalisme est maintenant destructeur d’emplois ! Il est donc temps que cette situation change… Mais comment ? Là est toute la question.
Une réponse à Les syndicats sont en train de tuer les ports Français